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Un amour fictif
19 janvier 2010

La princesse et la grenouille

La princesse et la grenouille

 

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Sur un scénario de Ron Clements, John Musker, Rob Edwards, Greg Erb, Don Hall et Jason Oremland

Adaptation libre du conte d'E. D. Baker.

 

La princesse et la grenouille est, du point de vue de l’histoire contée, un très bon film d’animation 2D. Je ne m’y attendais pas, aussi ai-je été très agréablement surpris. On peut affirmer que les studios Disney ont trouvé dans cette production petit budget un nouveau souffle : l’histoire est loin d'être mauvaise, ni même noyée de chansons guimauves. surtout, les rapports entre les personnes sont très réalistes.

 

Ceci tient à deux choses : l'efficacité de la structure et l'imaginaire qui est développé. Nous allons observer attentivement ces deux points, avant de finir sur une étude d'une scène remarquables. Le point sur l'efficacité de la structure sera divisée en deux parties : la première étudiera la construction formelle du film, en faisant un résumé et une étude des messages transmis au travers du film ; la seconde traitera du 'bestiaire' que l'on y trouve, avec une étude de l'efficacité des caractérisations des personnages, suivis des relations des personnages entre eux. Le point traitant de l'imaginaire sera quant à lui divisé entre imaginaire visuel et sonore - où l'on parlera essentiellement dialogue. Enfin, nous finirons cette étude par un approfondissement sur une scène remarquable.

 

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Aussi, commençons par nous demander pourquoi cette structure est elle efficace, et étudions le résumé de ce qui lance le film.

L’histoire se déroule à la Nouvelle Orléans, dans les années 20. Une jeune noire-américaine, Tiana, désire acheter un restaurant, pour achever le rêve de son père, mort à la guerre. Sa grande amie depuis l’enfance, Charlotte – pour qui la mère de notre héroïne a été couturière – rêve de trouver le prince charmant. Or, voilà que le prince d’un royaume éloigné débarque avec son aide de camp, et va fêter le mardi gras dans la ville. Mais, ce que personne ne sait, c’est que ce prince est fauché – aussi cherche-t-il de quoi se renflouer auprès d’un sorcier vaudou, M. Facillier. Seulement, les ambitions du sorcier ne correspondent pas à celles du prince, aussi ce dernier finit-il en grenouille, tandis que son majordome prend sa place.

Lors de la fête, Charlotte danse et cherche à séduire le ‘faux’ prince. Les problèmes financiers qui incombent à Tiana (alors à la fête pour distribuer des beignets) deviennent incommensurables. Finalement, ses déboires vont tant de mal en pis, qu’elle finit par se prendre de la nourriture sur sa robe, et qu'elle doit en changer, se retrouvant ensuite avec une magnifique robe bleue qui appartient à Charlotte. Alors qu’elle prie l’étoile du soir afin de voir son vœux exhaussé, son costume trompe une grenouille de passage sur son balcon, et elle en viens à l’embrasser, contre ses principes … mais à l’inverse du conte, la grenouille ne retrouve pas forme humaine : c’est Tiana qui se découvre une forme batracienne… ils se sauvent. M. Facillier a déjà contracté une dette au Maître des Ombres, dette qu'il alourdit en envoyant des ombres chercher le prince-grenouille.

A partir de ce point de départ, nous allons suivre les pérégrinations de nos deux grenouilles dans leur quête pour retrouver leur corps originaux, démettre le sorcier et le domestique, et ouvrir le restaurant.

Ce résumé couvre en gros ce qu'on appelle l'acte 1. La plupart des scénarii que vous pouvez voir ont une structure en trois actes, avec le premier qui présente l'action, le second qui la joue, et le troisième qui y apporte une résolution.

 

Le premier acte doit donc présenter donc les protagonistes, les antagonistes et les buts de chacun des personnages ainsi que tout ce qui servira par la suite au film. Effectivement, les personnages principaux sont présentés (Tiane, Naveen), ainsi que les antagonistes (M. Facillier, le domestique). Cet acte présente aussi les buts de chacun des personnages : ouvrir un restaurant, dénicher une princesse, régler ses dettes contractées au Maître des Ombres dans le cas de M. Facillier, et bannir la domesticité en ce qui concerne notre domestique.

 

Enfin, le personnage de Charlotte est présenté. Je dis enfin, mais le film commence par elle, qui n'aura pas tellement d'importance, avant la fin du troisième acte du film. On lui donne aussi un objectif : elle souhaite épouser un prince charmant.

 

Ceci présenté, la course poursuite peut commencer.

 

L'objectif du deuxième acte est univoque : tous deux veulent rencontrer la sorcière du bayou qui leur redonnera une apparence humaine. Cette quête est semée d’embuches, puisqu’il y a des erreurs de directions, des rencontres avec les habitants du marais (plus originaux les uns que les autres : un caïman complexé et une luciole amoureuse d'une étoile), et le début de l’amour qui naît chez Naveen. Cet amour passe par la découverte du travail, nous y reviendrons. Ils finissent tous par arriver chez la sorcière… qui choisi de ne pas leur rendre leur morphologie initiale, mais qui précise qu’ils doivent être embrassés avant le soir même minuit par une princesse. Elle suggère Charlotte, fille du roi du mardi gras.

 

Le nouvel objectif est d'embrasser une princesse. Avec lui commence le troisième acte. Avec aussi l'arrivée des Ombres (envoyées par M. Facillier) qui se saisissent du prince. Elle le ramènent à leur maître. Nous sommes désormais dans le troisième acte, où un objectif supplémentaire s’est greffé sur ce nouvel objectif : se retrouver ensemble pour vivre un grand amour. Cet acte est ponctué de rebondissements, jusqu'à ce que Naveen et Tiane décident de rester grenouille pour vivre ensemble le grand amour. Avant que Charlotte n'ai pu embrasser Naveen, il est minuit passé. Ils se marient donc, certes en mode grenouille, mais jouissant tous d'eux d'un amour sans égal.

 

Enfin, l’épilogue : nos deux grenouilles réussissent presque contre leur gré à être à nouveaux des êtres humains, dès lors, le prince paie le restaurant qui ouvre, et qui devient un des plus grand de la Nouvelle Orléans. A l'intérieur, le caïman joue du jazz avec ses idoles - son rêve - et le prince fait des émincés et joue du ukulélé. Tout le monde est réuni pour ce final, heureux, dans le meilleur des mondes.

 

Cette étude des trois actes nous permet de comprendre ce qui est dit par le film, de façon subliminale : le plus important dans la vie, ce n’est pas l’argent, ce n’est pas le travail, mais l’amour qu’on peut trouver. Ceci était ânonné par les parents de Tiana, au début du film : Par sa mère qui lui dit "ton père n’a peut être pas été au bout de son rêve en n’arrivant pas à ouvrir son restaurant, mais il a eu notre amour." et son père qui lui dit "il faut vouloir, mais il faut aussi travailler pour obtenir ce qu'on veut"

 

Ces paroles signifient, entre autre chose, que le couple fonctionne dans cette équation, mais que c’est tout ce qui se fait autours qui compte (au-delà d’une simple bague de marié(e)). On le voit lors de l’épilogue, ce n’est pas  ce mariage qui fait la joie : c’est qu’avec cet amour partagé par la communauté, le restaurant de Tiana fonctionne, et devient effectivement un grand restaurant. Le prince s’épanouis dans ses capacités d’éminceurs, découverte au milieu du film, mais il continue de jouer de l'ukulélé, et le caïman est intégré dans l’orchestre… avec sa trompinette. C’est cet amour là qui porte le film, et que Tiana a malgré tout travaillé d’arrache pied pour obtenir.

 

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A présent, avec un tel projet, il faut que les personnages puissent suivre pendant toute la durée du film. Aussi, étudions leur présentation, afin de comprendre comment font-ils pour jouer leur rôle. Nous voyons que d'entrée de jeu, les personnages sont très définis, avec des caractères tous différents, mais tous versé dans un genre. Nous allons suivre la chronologie du film, ne nous intéressant qu'aux personnages principaux. Aussi commençons-nous avec Charlotte, qui a un rôle important lors du 3° acte.

 

Elle est jeune, écoutant la princesse et la grenouille conté par la mère de Tiana. Charlotte est blonde, issue d’une famille bourgeoise. Elle vit dans un univers de conte de fée. La chambre est clairement surréaliste, et ainsi qu’elle le dit, le passage de ce conte qu’elle préfère, c’est quand la princesse embrasse la grenouille, et surtout quand le batracien se métamorphose en prince charmant – passage qui dégoute Tiana.

 

Tiana a le même âge que Charlotte. Noire-américaine, elle vient d’un milieu modeste. Nous allons nous approfondir sur ce personnage, qui est la protagoniste du film. C’est par le biais de son père qui lui dit que vouloir n’est pas tout car il faut travailler dur pour réussir que commence sa caractérisation : c'est une bosseuse. Puis, une ellipse temporelle nous fait franchir d'un coup une dizaine d’années, et nous la retrouvons, cumulant deux emplois, le jour et la nuit, afin de faire le maximum d’économies pour ouvrir son restaurant.

 

Ensuite nous est présenté M. Facillier, personnage effilé, sournois, avec une tête de mort sur son chapeau (on a compris, c’est le méchant !) il n’hésite pas à vendre des potions maléfiques pour gagner de l’argent – nous découvrirons par la suite qu’il est vraiment lié à des forces vaudous…

 

Après ces trois présentations, une petite pause : Charlotte annonce à Tiana que le prince Naveen arrive le soir même et participera au bal masqué. Le père de Charlotte sera cette année encore le roi du bal, aussi Charlotte en sera-t-elle la princesse. Cette annonce ne tombe pas dans l’oreille d’un sourd : le sorcier l’a entendu !

 

Et nous est présenté ce personnage tant attendu : le prince Naveen. Il est sur de lui, dragueur, suivi de près par son domestique auquel il n’accorde pas le moindre intérêt. Hâbleur, on comprend vite que, malgré les trois groupies qui lui sont attitrées, il est ruiné. Cette précision est annoncée dramatiquement, lors d'une dispute entre lui et son valet : il fuit ses responsabilités, c'est un fainéant.

 

Finalement, ils peuvent croiser M. Facillier, et l'histoire peut réellement commencer. Ce mauvais personnage n'aura pas trop de problème à les convaincre, dès qu'il parlera au prince de gagner de l'argent.

 

Une première conclusion sur cette liste de présentation. Toutes sont faites en opposition les unes des autres, et toutes caractérisent de façon efficace les personnages pour qu’ils puissent suivre sur la durée du film. Bien sur, cette présentation sera affinée par la suite, mais l'essentiel est comment vivent-ils et vers quoi courent-ils, avant que l'on n'aie besoin de savoir quel est leur passé.

 

Nous pourrions continuer ainsi pour chacun des personnages secondaires : car les présentations des caractères sont tout aussi efficaces. Elles sont juste légèrement plus caricaturales. Ainsi, le père de Charlotte est un papa-gâteau qui ne s'assume pas, les deux grenouilles seront accompagnées par Louis, un caïman complexé (énorme et jouant de la trompinette) et Raymond, une luciole amoureuse d'une étoile.

 

Ceci nous amène à regarder les relations entre les personnages, et plus précisément au sein des deux couples principaux : Tiana-Naveen et Raymond-Louis. Ces deux derniers personnages n'ont pas été présentés dans le début du film, car ils ne font simplement pas partie du même monde. C'est au début du deuxième acte qu'ils apparaissent. Nous allons y revenir dans un instant.

 

Voyons rapidement l'opposition du couple principal. Tania-la-bosseuse, Naveen-le-fainéant. Leur objectif le plus urgent est le même: redevenir humain.

 

Reprenons Louis le caïman et Raymond la luciole. Hormis la différence de masse, il n'y a pas d'opposition à proprement parler entre eux : Raymond est un grand amoureux timide qui aime l'étoile du soir (qu’il appelle Evangeline), quand Louis est fan de jazz mais n'ose se produire en public avec ces idoles. Alors que Naveen et Tania ont un objectif au-delà (toujours trouver une princesse et ouvrir un restaurant) ces deux là ont des objectif certes irréalisables, mais sans autre objectifs au delà.

 

Nous remarquons que ces trois objectifs sont réalisés. En ce qui concerne le caïman, il se sert du mardi gras et du bal masqué pour jouer avec ses idoles. Pour Raymond, il lui faut attendre la mort (car il meurt) pour pouvoir rejoindre l'étoile qu'il aime tant qu'il lui a donné un nom : Evangeline, l'étoile du soir. Ces deux rêves auraient pu être exploités parallèlement à l'objectif plus trivial de nos protagonistes... mais ils risquaient de leur voler la vedette.

 

Car ces personnages sont très proches des protagonistes, les suivant durant la quasi-totalité du film. Seulement, pour ne pas voler la vedette, ils doivent rester au second plan. Ils ne représentent que le guide, le mentor, celui qui mène les héros au travers de leurs aventures, jusqu'à leur terme.

  

L’utilisation d’un seul personnage aurait été trop tragique (surtout s'il s'était agis de la luciole Raymond, amoureux d'une étoile) aussi les auteurs ont délibérément choisi de le présenter sous un jour humoristique, et de le diviser en deux, en faisant atteindre au caïman l'objectif que la luciole ne pourra pas obtenir en ce bas monde.

  

L'étude de ce couple nous permet de voir que les caractérisations sont non seulement efficaces, mais qu'elles servent à chaque instant, pour que nous sachions toujours qui va à quelle place, protagonistes, aides, antagonistes... Je parlerais à nouveau de Charlotte dans la troisième partie, lors de l'étude de la première scène remarquable. Je n'en parle pas ici car son caractère semble évoluer soudainement (mais sans heurts) durant tout le film. Aussi allons-nous maintenant passer à la deuxième partie.

  

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Car si la structure sert un récit, elle n'est pas tout le récit. Un scénariste se sert de la structure pour dynamiser une scène, mais son imagination lui sert pour créer la scène et son objectif. Nous allons donc étudier à présent l'imaginaire développé dans ce film, autant visuellement que dans le dialogue.

Le film est rempli d'imagination. Visuellement, on retrouve des clins d'œil à tous les grands films déjà produits par Disney, d'Alladin au Livre de la Jungle, passant par d'autres dont je ne dois pas avoir le souvenir. Sinon, on se rend compte que des éléments en rappellent d'autres, et ces liaisons créent tout le charme de l'histoire. Cette imagination visuelle vient du principe d'efficacité, qui dit qu'un objet vu est plus rapidement assimilable qu'un mot dit.

Voyons un exemple de cette imagination, qui se tient, comme le veut le principe d'efficacité sur trois moments. Le premier de ces moments est la présentation. Le second est l'exploitation, et le troisième est un 'climax', un 'milking'... une nouvelle exploitation qui prouve que l'apprentissage a été compris. L'exemple que je souhaite prendre, c'est celui des émincés :

Perdu dans la jungle le second soir, Tiana et Naveen parlent de leurs objectifs qu'ils voient se volatiliser (objectif premiers : la princesse et le restaurant). Puis, Tiana-grenouille décide de faire un plat dans une citrouille, et elle demande à Naveen de s'occuper d'émincer les champignons, pour l'occuper à quelque chose. Il ne sait d'abord même pas ce que ça veut dire, puis il commence à couper le champignon en grosses parts, dans le sens de la hauteur. Tiana revient vers lui et lui montre, sans agression, comment faire, avec une célérité qui surprend notre fainéant. Il finit le champignon suivant, et Tiana le félicite avec un peu d'humour.

 

Plus tard, (je ne me souviens plus à quelle occasion) Naveen va offrir des émincés de quatre légumes différents à Tiana. Ils seront fait comme les siens, sans que l'on précise en combien de temps furent-ils préparés. Ces émincés correspondent au moment où le prince est en train de changer (moins bavard).

 

Enfin, durant l'épilogue, dans le restaurant, on retrouve Tiana en train de poser un plat sur lequel se trouvent de nouveaux émincés, des mêmes légumes que précédemment. Le prince fait alors de l’ukulélé, mais il prouve par ces émincés qu'il a compris la leçon, et qu'il partage désormais son temps.

 

Nous voyons que cette imagination visuelle n'est tout de même pas concevable avec une absence totale de dialogues. Aussi observons-les.

 

La protagoniste Tiana est cuisinière depuis sa plus tendre enfance, aussi les jeux de mots concernant la nourriture, durant le film, vont aller bon train (en version française en tous cas). On sent qu'il y a une recherche : le jeu de mot est toujours bien trouvé, sans le coté "jeune"  qu'on peut voir dans Sinbad, le voyage des sept mers* (verlan, abandon des personnages épiques pour un dialogue que l'on caractérise ici comme 'de banlieues'), ou les tendances graveleuses que l'on retrouve dans les dialogues de Shrek*. Je n'ai pas vu de Disney depuis Le bossu de Notre Dame au cinéma (hormis les films 3D de pixar), aussi je ne pourrais comparer avec les films précédents de ce studio. Mais là n'est pas le sujet de cet article, de toute façon. Ce que nous avons remarqué, c'est surtout que les personnages ne se forcent pas à nous faire rire en continu, ils n'essaient même pas. L'histoire est assez forte, suffisamment imaginative pour ne pas avoir à l'enrober dans une surenchère de drôlerie forcée.

 

En conclusion de cette deuxième partie, nous voyons que la force de l'histoire tient à la logique des sentiments, à un absence d'infantilisation dans leur évolution, et ce même pour les personnages caricaturaux. Tous ont une profondeur.

 

Un exemple parmi d'autres, le père de Charlotte, dont il a déjà été question plus haut, qui est partagé entre un papa-gâteau et un homme honorable. Après avoir trop gâtée sa fille durant sa jeunesse, il veut exister auprès d'elle. Et, même si c'est un trublion quand il apparaît, il a une grandeur tragique... à partir du moment où l'on apprend que M. Facillier veut le tuer pour prendre sa place ! Même si l'on commençait à sentir ce côté déchiré dès sa première apparition, dès qu'il est en danger, il semble que le personnage est métamorphosé : nous nous attachons plus à lui (et d'autant mieux que c'est un personnage comique).

 

***

Enfin, je vous propose d'étudier une scène remarquable de ce film. Je regrette de ne pas avoir d'images.

 

Elle ne se situe pas loin de la fin, lorsque Naveen est face à Charlotte qui doit l'embrasser pour qu'il retrouve sa morphologie humaine. Nous sommes soir de mardi gras, et, me répétant, Elle est princesse. C'est une princesse de conte de fée qui veut, vous vous en souvenez, épouser un prince charmant qu'elle découvrirait au travers d'un batracien, comme dans le conte lu au début du film. Mais ledit batracien, ne veut plus épouser une fille riche, il souhaite finir ses jours avec Tiana. Il le lui explique. En connaissance de cause, Charlotte est prise d'un dilemme : embrasser une grenouille qui ne voudra pas d'elle une fois humaine, où la laisser dans son état puisque cette grenouille ne veut pas d'elle ?

 

Plusieurs choses sont en jeu : Tiana qui est son amie d'enfance, ou son objectif personnel ? Or, depuis le début du film, le personnage a été présenté comme un personnage avide d'argent et avide du prince (du faux prince, faut-il le remémorer). Aussi, elle est plus attiré vers son prince, et non vers la grenouille.

 

A ce moment, Tiana se présente face à Charlotte. Cette présentation resserre le dilemme, puisque Naveen ne mentait pas. Au moment où ils ont décidé de s'embrasser, Naveen et Tiana décident de continuer à vivre en grenouilles amoureuses. Cependant, pour son amie, Charlotte est bien déterminée à embrasser Naveen, mais hélas, minuit sonne. Tous les baisers qu'elle peut faire ne serviront à rien.

 

Elle ressortira de cette scène métamorphosée. Lorsque, dans l'épilogue, Tiana et Naveen ont repris leur apparence initiale, et que Tania jette un bouquet de noce, c'est Charlotte qui le récupère, au milieu de groupies fan de Naveen. Son design a évolué, on sent qu'elle a du vécu derrière elle (par rapport aux groupies qui elles sont les potiches de bases).

 

Il faut noter qu'un rôle comme celui que tient Charlotte se fait assez rare, de nos jours : elle n'est pas une simple potiche, elle est plus caractérisée comme "la bonne amie", ce qui est en rapport total avec ce que dit le film. Elle  a beau être joufflue, blonde, habillée de rose, elle n'est pas caractérisée comme habituellement, soit la potiche qui met bêtement le héros en valeur : elle le met en valeur sous un biais déchirant (pour elle) aussi a-t-elle finalement une énorme classe.

 

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Nous en arrivons, petit à petit à une conclusion générale. Ce film a été pensé comme une comédie romantique, avec tous les éléments récurent de ce type de film, qui se révèle très efficace sur une heure un quart. Au delà de ce type, on se rend compte que tous les éléments de bases ont été pervertis : le prince n'a pas d'argent, la transformation grenouille-prince ne fonctionne pas dans le bon sens, ce n'est pas une princesse mais une cuisinière qui embrasse la grenouille... en bref, tous les éléments ont été caractérisés à l'opposé de ce qu’ils devraient être. Aussi, par ce fait, cela donne beaucoup plus de profondeur qu'aurait pu en avoir un film "classique". Ceci permet aussi de travailler d'autant plus les personnages sans verser dans le mélodramatique, et tous ressortent magnifiés de cette opération.

 

C'est un très beau film que je vous conseille.

 

Enfin, voici le trailer :


Bande-Annonce 2 La Princesse et la grenouille

 

* tous deux produits par dreamworks. C'est un hasard, il se trouve que c'est les derniers films "pour enfants" que j'ai vu. Mais je ne veux pas dire par là que les dialogues des dessins animés proposés par ce studio sont tous mauvais.

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Commentaires
L
Jolie critique, intéressant =)
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